Fouilles archéologiques à Entzheim

Des fouilles méticuleuses

 

Le Centre Départemental d’Archéologie du Bas Rhin (CDA) a réalisé, du 15 février au 30 juin 2006, son premier chantier de fouilles préventives entre Entzheim et Geispolsheim. Une visite du chantier a été organisée le samedi 10 juin, de 14h00 à 18h00.

Pourquoi fouille-t-on ?

Les activités des hommes modifient sans cesse le sol. En fouillant, les archéologues ouvrent des fenêtres sur notre passé. Le moindre tesson, la plus petite trace de feu, parfois même quelques graines peuvent permettre de comprendre un peu mieux à quoi pouvait ressembler ce même endroit à une époque antérieure et, quelquefois,  de renouveler nos connaissances sur les sociétés anciennes. Le rôle de l’archéologue est de faire parler les « archives du sol ». Ces découvertes du passé nous permettent de mieux appréhender notre présent.

 

Entzheim-Geispolsheim « Aéroparc LIDL »

En décembre 2005, 285 tranchés de sondage ont été réalisées sur le terrain concerné par un projet d’implantation d’une plateforme logistique pour la société LIDL. Elles ont permis de définir le potentiel archéologique sur une surface de 10 hectares. Cette opération a confirmé l’occupation ancienne du secteur.

Suite aux prescriptions du Service Régional d’Archéologie, 1.5 hectares découpés en 4 fenêtres ont d’abord été fouillés de février à avril.

A partir du mois de mai, les 1.5 hectares restant ont été fouillés sous forme d’un grand décapage extensif.

Une sixième zone de fouille sur des terrains appartenant à la CUS a concerné l’accès à la plateforme.

 

Cadre géomorphologique :

C’est au début de la dernière période froide du Quaternaire, le Würm (-80 000 avant J.C.), que la terrasse de Lingolsheim a été individualisée. Le Rhin a déposé ici des sables et des graviers gris, d’origine alpine, exploités dans les gravières riveraines, à une profondeur d’environ 10m. Le fleuve s’est ensuite écarté du site, pour s’écouler dans un chenal rétréci, à l’est de la plaine.

Au Tardiglaciaire, entre -80 000 et -16 000 avant J.C., une rivière vosgienne, La Bruche, s’installe sur cette terrasse. Elle transporte une grande quantité de sable et gravier (matériel arraché aux Vosges greneuses). Elle s’étale à son débouché dans la plaine, formant un cône de déjection sur le matériel rhénan et modelant la topographie de la terrasse.

A la fin de cette période entre -16 000 et – 10 000 avant J.C, des vents violents transportent des limons très fins, les lœss, dans un environnement et un climat de type septique. Ces dépôts  couvent et masquent les graviers vosgiens, auxquels  ils sont parfois mélangés. Le site fouillé se situe  sur le sommet de cette terrasse de Lingolsheim. Au nord et au sud, se retrouvent  de zones à couverture de lœss préservée, où s’inscrivent préférentiellement les occupations humaines. La fouille est traversée par un ancien cour de la Bruche.

 

Néolithique :

L’occupation date d’il y a environ 7000 ans. Il s’agit de vestiges appartenant au Rubané c’est-à-dire à la première culture néolithique en Alsace. Son arrivée correspond à l’introduction de la culture et de l’élevage, quelque part aux alentours de 5400/ 5300 avant J.C. Cette révolution  est accompagnée de toute sorte d’innovations comme l’apparition des premiers villages sédentaires, de la pierre polie ou encore de la poterie.

Aujourd’hui, il ne reste bien évidemment rien de ces constructions en matériaux périssables, et seuls les trous  de poteaux sont conservés. Mais ces indications suffisent aux archéologues pour proposer des restitutions de l’habitat néolithique. Les maisons ne sont pas isolées dans l’espace. Bien au contraire, elles sont au centre de toute série de structures – des fosses – ont les plus importantes sont placées le long des parois des maisons. Ces grandes fosses latérales dites fosses de constructions sont, d’abord, utilisées pour extraire les matériaux (lœss) nécessaires pour la fabrication des murs de la maison. Ensuite, elles servent plus souvent de dépotoirs. D’autres fosses, les plus petites se trouvent aussi en nombre dans les villages néolithique. Leur fonction n’est cependant pas très claire (fosse d’extraction, fosse de stockage), mais elles sont aussi souvent utilisées comme dépotoirs. Ces fosses  contiennent généralement des fragments de céramique, des outils en pierre, en os… .

Outre les vestiges d’habitats, on a également découvert des sépultures anciennes de 7000 ans. Au cours du Rubané, les sépultures sont en règle générale regroupées en nécropole. D’autres cas de figure sont attestés, comme à Entzheim où les morts sont enterrés dans le village. Certains défunts sont accompagnés de mobilier funéraire –céramique, outillage en pierre, parure -, ce n’est pas le cas à Entzheim, où les tombes sont d’une extrême pauvreté.

Protohistoire :

Une occupation du début du Second Age de Fer (la Tène ancienne entre 475 et 425 avant JC environ) a été reconnue dans les zones explorées pendant la première phase. Elle se caractérise par la présence d’une grande concentration de structures de stockage. Il s’agit de silos, en forme de bouteilles, creusés dans le sol destinés au stockage souterrain des céréales. Suite à leur abandon, leur comblement renferme des restes de consommation (vaisselle et déchets culinaires).

On notera la présence de plusieurs dépositions d’animaux complets au fond du silo (lièvres et chiens). De plus, plusieurs silos ont livrés des squelettes humains. Certains étaient accompagnés d’éléments de parure (torque = collier rigide, bracelet et bague).

Une occupation de la fin du Premier Age de fer (entre 525 et 475 avant J.C environ) a été reconnue dans la zone 1.

 Un squelette mis à jour sur le site des fouilles près du grand giratoire

 

Epoque Gallo – Romaine :

A l’époque Gallo-romaine entre le Ier et le IVème siècle après J.C, le secteur des zones 4 et 5 est probablement occupé par une petite agglomération constituée d’une dizaine d’habitations disposées sur deux rangés parallèles et distantes d’une soixantaine de mètres. Les habitations ont aujourd’hui entièrement disparues. Seules les caves, creusées dans le sol ont été conservées. Il s’agit de caves de petites dimensions (entre 2 et 3 m de côté) auxquelles on accédait, parfois, par quelques marches. Elles servaient principalement au stockage ».

Plusieurs puits assuraient l’approvisionnement en eau de cette petite agglomération.  Certains ont conservé leur cuvelage en moellons de grès.

 

Epoque contemporaine :

Le site a également livré quelques tranchées allemandes de la Seconde Guerre Mondiale, liées à la protection de l’aéroport

 

 

Entzheim Info n°18 – Décembre 2006.

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