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Le chemin de fer et le tramway à Entzheim

Le chemin de fer

Le 25 septembre 1864, sous le règne de Napoléon III, a été inaugurée la ligne de chemin de fer reliant Strasbourg à Molsheim. Une ligne aujourd’hui intégrée dans le réseau TER qui permet de relier la gare d’ENTZHEIM-AEROPORT à Strasbourg en 9 minutes.

Au XIXème siècle, la révolution industrielle et la prospérité économique qui s’ensuivit ont favorisé l’essor rapide du chemin de fer. En Alsace, la construction du réseau ferré a débuté très tôt : Mulhouse – Thann en 1839 puis Strasbourg – Bâle en 1841. La ligne Strasbourg – Paris n’a été inaugurée que plus tard (1852).

Le déclin de l’agriculture et le développement de nombreuses petites usines sur l’ensemble du territoire incitent les communes rurales à demander une desserte par rail.

La construction de la ligne

L’idée ingénieuse de base repose sur l’utilisation des chemins vicinaux et des routes départementales pour construire à moindre frais des lignes de chemins de fer en correspondance avec les axes principaux.

Débutées en 1859 sous la supervision du Préfet Migneret, les études portant sur la transformation du chemin vicinal 1bis ont abouti le 28 septembre 1864 à la mise en service de la ligne de Strasbourg à Barr via Molsheim exploitée par la Compagnie des chemins de fer de l’Est.

Située non loin de l’ancien Galgenplatz (place du gibet), la station « Entzheim-Hangenbieten » est inaugurée le même jour. Bien que située à environ 2 km du centre du village, cela a représenté un grand progrès pour la Commune.

La traction du train inaugural était assurée par une locomotive type 030 de la firme André Koechlin à Mulhouse, future composante de la SACM à Illkirch. Trois trains quotidiens avec des voitures voyageurs et des fourgons pour les colis circulaient sur la voie unique suivant approximativement le cours de la Bruche.

Le prolongement de la ligne vers Mutzig et vers Wasselonne est effectif dès le 15 décembre 1864 mais bien plus tard vers Schirmeck (1877).
L’expérience acquise dans les départements alsaciens a permis la généralisation des chemins de fer d’intérêt local à la France entière après avoir reçu l’approbation unanime de la Chambre des députés (loi de 1865).

Extrait du journal « Le Temps » du 28 septembre 1864 :

« La journée du 25 septembre restera une date mémorable pour l’Alsace. Le département du Bas Rhin a eu le premier l’honneur en France d’ouvrir, au sein même de ses laborieuses communes, des voies ferrées vicinales qui viennent d’être solennellement inaugurées…Avant d’arriver à Molsheim, le train a passé successivement devant les communes de Lingolsheim, Holtzheim, Entzheim, Duppigheim, Ernolsheim et Dachstein. Partout, la population des communes environnantes se pressait sur le passage du train et le saluait par les plus vives acclamations ».

La période allemande

Dans la gare primitive d’Entzheim (en allemand, Enzheim), de type « Migneret », le logement du chef de station était aménagé au premier étage alors que les locaux du rez-de-chaussée étaient destinés à l’exploitation ferroviaire.

Par le traité de Frankfort, l’Alsace et la Moselle deviennent terres d’empire en 1871. L’Allemagne prend possession du réseau et créé les Reichs-Eisenbahnenn in Elsass-Lothringen (EL). Il s’ensuit une phase de développement des lignes jusqu’en 1918.
L’ouverture au trafic des marchandises le 1er mars 1895 a constitué un progrès important. La gare disposait d’une voie d’évitement longue de 450 m pour le stationnement des wagons.

Entre les deux guerres

A partir de 1919, l’exploitation de la ligne était assurée par les Chemins de fer d’Alsace et de-Lorraine (AL).

L’apparition de la concurrence routière a aggravé la gestion déjà difficile des réseaux ferrés locaux.

Toutefois, le doublement de la ligne dans les années 1920 était devenu nécessaire ce qui a entraîné la construction d’une nouvelle gare.

La gare étant située à proximité du centre du village, la mise en service du tramway en 1930 a conduit à limiter la desserte de la gare ferroviaire à 10 trains par jour.

Ø De 1930 à 1955, Entzheim était également desservi par le tramway. Situé sur la ligne électrifiée de Strasbourg-à Ottrott exploitée par la Compagnie des Tramways Strasbourgeois (CTS), la ligne partait de l’Ancienne Gare à l’emplacement de l’actuelle Place des Halles. Chaque jour, 7 trams circulaient dans les 2 sens (cf. article dans bulletin municipal n° 20 de 2008).

Le 3 mai 1933, une micheline De Dietrich a établi un record de vitesse sur la ligne à 173 km/h.
Les premiers essais de l’automotrice rapide Bugatti du réseau AL ont été effectués entre Strasbourg et Molsheim. Construite à Molsheim, une machine de ce type établira le record de monde de vitesse à 196 km/h qui a tenu jusqu’en 1964 et le record sur Paris-Strasbourg en 3h30 en 1937 (voir ci-contre).

Comme les autres compagnies régionales, le réseau AL est absorbé par la SNCF créée le 1er janvier 1938.

Durant la 2ème guerre mondiale, un des pires Kommando de travail du camp de Schirmeck était affecté par les nazis à des chantiers sur le terrain d’aviation. Les prisonniers empruntaient un train spécial qui arrivait en gare d’Entzheim chaque matin vers 7 heures – même le dimanche – et repartait vers 20 heures.

Une gare multimodale moderne et fonctionnelle

Après 1945, est venu le temps de la reconstruction puis le renouveau du transport ferroviaire avec plus récemment l’apparition de la régionalisation. Les dessertes ont été progressivement renforcées pour répondre à l’augmentation du trafic voyageur.

En décembre 2008, afin de permettre la desserte de l’aéroport par le rail, la nouvelle gare intermodale d’Entzheim-Aéroport a pris le relais de l’ancienne démolie par la suite.

Située à proximité de l’aérogare et accessible par une passerelle piétonne franchissant la route et les voies ferrées, cette infrastructure permet aux voyageurs de bénéficier de la desserte cadencée des TER Alsace (en moyenne 4 trains par heure dans chaque sens) en reliant Strasbourg en 9 minutes (meilleur temps en Europe pour ce type de parcours).

Un parking de 171 places et un abri vélo sécurisé de 25 places complètent l’équipement.

A certaines heures, une navette de la CTS relie le village à la gare en passant par l’Aéroparc.

Voilà plus de 150 ans qu’Entzheim est desservi par le chemin de fer sur une ligne devenue une des plus fréquentées du réseau TER alsacien.

Pierre Friedrichs, Conseiller Municipal, avec l’aimable collaboration de Jean Claude Fritsch auteur de « Histoire de la vapeur à Graffenstaden, la SACM ».

  • Parmi les ouvrages consultés : Histoire d’Entzheim de Willy Guggenbuhl 1937 – Revue « La vie en Alsace » n° 9 – Histoire des voies ferrées de Strasbourg à Saales et de Saverne à Sélestat – Documents des Archives municipales de Strasbourg et départementales du Bas Rhin.

Le tramway, une longue et vieille histoire !

Peut-être vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il existe une rue du Tramway dans notre village ? A part les anciens, qui s’en souvient ? Et pourtant il a desservi notre commune durant de nombreuses années. Au temps du nouveau projet tram-train où de plus en plus de personnes (re)découvrent les avantages d’un transport en site propre, j’ai voulu en savoir plus. Voici quelques données historiques qui vous permettront en quelque sorte de rapprocher le passé du présent.

Le réseau urbain du tramway strasbourgeois (hippomobile puis à vapeur) a été construit pour l’essentiel entre 1878 et 1886. Cependant, après la 1ère guerre mondiale, les besoins de reconstruction mais aussi le coût grandissant de l’énergie (charbon) et la concurrence routière naissante (déjà !) incitent au développement de nouvelles lignes toutes électrifiées vers Truchtersheim, Westhoffen, Marckolsheim, Boofzheim-Rhinau et la transversale d’Erstein à Ottrott.

Plan de la ligne de 35 km

C’est très exactement le 16 janvier 1930 que la ligne Strasbourg-Ottrott a été inaugurée. Construite sous l’égide du Conseil général du Bas Rhin et exploitée par la Compagnie des Tramways Strasbourgeois (comme vous voyez, le sigle de la CTS est resté), elle partait de l’Ancienne Gare située à l’emplacement actuel de la Place des Halles, en passant notamment par la Montagne Verte, Lingolsheim, Entzheim, Geispolsheim, Blaesheim et Obernai. A Meistratzheim, elle rejoignait une ancienne voie existante d’Erstein à Ottrott.
Depuis l’origine, cette ligne champêtre de 35 km qui desservait une douzaine de stations était entièrement électrifiée et dotée du matériel dernier cri pour l’époque permettant d’atteindre le terminus en 2 heures au prix relativement modique de 5,50 Francs par trajet (soit 2.80 €). De là, un autocar prenait le relais pour amener pèlerins et touristes jusqu’au Mont Sainte Odile via Klingenthal. Un cadencement jusqu’à 8 trams par jour dans chaque sens a permis de transporter plus de 1 600 000 voyageurs en 1937 !

Le tram au terminus à Ottrott

Concernant plus particulièrement Entzheim, le Conseil Municipal a pris plusieurs délibérations concernant cette ligne. La 1ère fois, le 15 avril 1921, pour définir l’attitude à adopter et voter la contribution communale s’élevant à 15000 Francs (soit env. 14500 €). En raison du mauvais état des comptes, celle-ci a du être financée par de nouveaux « centimes additionnels » et par un emprunt.

Extrait du PV Conseil Municipal du 15 avril 1921

Le 28 août 1930, le Conseil Municipal décide de régulariser la cession au Conseil Général pour le franc symbolique des terrains communaux situés dans l’emprise des voies. D’ailleurs, dans le livre foncier, ces parcelles aux lieudits Nachtweid, Kingerstenweg, Niederwolfen sont toujours au nom du département. Avec le recul, on constate le Maire Guillaume FREYSZ et les élus ont toujours pris à l’unanimité les décisions concernant le tram. C’est dire qu’ils croyaient à l’intérêt d’un transport en commun en site propre pour la commune !

Il n’a pas été possible de retrouver une photo de la « station d’arrêt » d’Entzheim qui a été construite sur l’actuel chemin piétonnier longeant le lotissement Champ Fleuri, à proximité du centre du vieux village. Néanmoins, il existe le témoignage très intéressant d’un journaliste des DNA qui relate ses impressions au cours du voyage inaugural le 16 janvier 1930 : voir encadré.

Extrait du reportage de R. Villard « Mise en service de la nouvelle ligne Strasbourg-Obernai-Ottrott » paru le 17 janvier 1930 dans les DNA :
6h51. Exactitude. Ordre bref. Coup de sifflet. Nous partons. C’est une grande joie pour nous, une vraie joie d’enfant. Que verrons-nous ? Qu’entendrons-nous au cours de notre beau voyage ? Patientons. Pour l’instant, la pluie frappe les vitres et le jour, en grand paresseux, ne se décide pas à venir.
6h56. Voici la gare centrale. Premier arrêt. Les wattmen des tramways urbains nous regardent passer. Eux n’auront pas la chance d’aller aujourd’hui à Ottrott.Voici le boulevard de Lyon, la rue de Molsheim, triste et froide. Premier contrôle des billets. L’employé, M. Minicus, est un grand garçon blond, aimable et empressé. A en juger, personnel d’élite sur cette ligne.7h10. La Montagne Verte. Les Tanneries de France, illuminées du premier étage au dernier.
7h14. A la sortie de Lingolsheim, le jour s’est enfin levé : jour gris et froid qui rend triste la terre et maussades les villages. Nous accélérons l’allure pour rouler à 40 km/h. Aucun heurt. On glisse sur du velours.
7h25. Entzheim. Première gare de campagne, nouvellement construite, coquette et gaie. Quelques curieux se pressent aux abords du convoi, sourient…et s’en retournent.
7h33. Geispolsheim. Court arrêt qui nous donne le temps – 30 secondes – de prendre une photo.
7h37. Attention ! Courbes savantes qui nous font frôler l’angle de la mairie. Nous arrivons à Blaesheim, joli village où il doit faire bon de passer ses vacances en été.… »
Malgré les nombreux projets d’extensions de ligne qui existaient pour certains depuis avant la guerre 1939-45, le tramway d’Ottrott effectuera son dernier trajet le 31 mars 1955. Pourtant, une grande manifestation de protestation avait été organisée à Meistratzheim le 11 avril 1954. Mais rien n’y fit.
Depuis lors, ce sont les autocars du réseau interurbain de la CTS qui ont pris le relais en suivant à peu de choses près le tracé de l’ancienne ligne, toujours à destination d’Ottrott !

Pierre FRIEDRICHS – Conseiller Municipal